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L’occasion manquée

d’un lycée

aux champs

En 1986, le Conseil régional est élu pour la première fois au suffrage universel direct. Je suis élu sur la liste conduite en Loir-et-Cher par Pierre Sudreau, sur laquelle figure aussi Roger Goemaere et Jacqueline Gourault. Mes collègues conseillers régionaux, sous la présidence de Maurice Dousset, me confient la présidence de la "Commission éducation et formation" qui couvre le budget régional le plus important, avec les lycées, l’apprentissage et la formation professionnelle.
 

"L'urgence lycéenne"

L’objectif de 80% d’une classe d’âge au niveau du bac et l’arrivée des classes d’âge du "baby-boom" font exploser les besoins de places en lycée d’enseignement général comme professionnel ou technique. Ces besoins n’ont pas été assez pris en compte par l’Etat qui en a encore la responsabilité à la veille du transfert de ces compétences éducatives aux conseils régionaux.

Il nous faut, dans l’urgence, mettre au point, avec le rectorat, un plan sans précédent de construction de nouveaux lycées ou d’extension / rénovation de lycées existants sur toute la région. Avec le vice-président chargé de l’éducation, James Bordas, nous travaillons en équipe pour inventorier les besoins actuels et futurs, proposer un "Schéma régional des formations", faire voter un "Programme prévisionnel des investissements", lancer les concours d’architecture, tenir les jurys de ces concours, assurer la coordination avec le rectorat ...

Parmi nos objectifs, il y a naturellement l’aménagement du territoire. Les lycées doivent être des outils de cet aménagement grâce à un maillage du territoire qui dépasse les vieilles implantations de lycées dans les villes importantes datant de l’époque des 10% d’une classe d’âge en lycée !

 

Un lycée d'aménagement

du territoire solognot

Je veille de très près au maillage de la Sologne ! Les besoins justifient la construction d’un nouveau lycée qui couvrirait les secteurs de La Ferté-Saint-Aubin, Lamotte, Salbris, Aubigny-sur-Nére, Neung-sur-Beuvron. Il nous faut trouver une implantation qui prenne en compte les nouveaux besoins du sud de l’agglomération orléanaise et qui n’empiète pas sur le nouveau périmètre des lycées de Romorantin ou de Vierzon. Je propose une implantation sur la commune de Lamotte, entre la nouvelle avenue Napoleon III et le château de Saint-Maurice. En face de l’emplacement qui sera réutilisé ensuite pour le nouveau collège, et à l’entrée ouest de la ville, à 200 m de la gare desservant la ligne SNCF d’Orléans à Vierzon.

Cette proposition est reçue positivement :

  • en octobre 1989, le Conseil régional adopte le "Schéma régional des formations" qui prévoit la construction d’un lycée en Sologne ;

  • le 26 mars 1990, le Conseil régional adopte le "Programme prévisionnel des investissements" qui prévoit la construction de ce lycée de Sologne ;

  • le 13 septembre 1990, la commission "Éducation et formation" du Conseil régional donne à l’unanimité un avis favorable à l’implantation du lycée de Sologne à Lamotte ;

  • le 12 octobre 1990, le bureau du Conseil régional décide , dans le cadre du "Programme prévisionnel des investissements 1990-1994", la construction d’un lycée de 800 places sur les terrains proposés par la commune de Lamotte en bordure du domaine de Saint-Maurice.


La division condamne

le lycée de Sologne

Dans le débat public qui s’instaure, la ville de Salbris se porte elle aussi candidate. Cette concurrence est parfaitement légitime, même si Salbris est moins central que Lamotte pour regrouper aussi des lycéens du sud orléanais. Le débat devient plus conflictuel , chacun ayant conscience de l’atout que représente un lycée pour l’attractivité d’une ville. Ce conflit finit par bloquer la procédure, pendant que les autres projets de construction environnants avancent rapidement pour faire face à l’urgence. Les lycées "ruraux" étaient déjà des innovations acceptées du bout des lèvres par les élus urbains ou par ceux qui en sont restés aux lycées de leur jeunesse. Le désaccord est rapidement mis à profit par une partie des élus (et des représentants de l’Education nationale ...) pour essayer d’en revenir au bon vieux monopole des lycées de villes principales.

Résultat : le lycée de Sologne, à Lamotte ou ailleurs, est mis de côté ; et les besoins sont progressivement couverts par une taille supérieure données à des lycées urbains voisins, neufs ou anciens. Je regrette cet échec car l’idée de mieux répartir sur le territoire - y compris rural - les moyens d’enseignement s’impose à tous ceux qui veulent sincèrement un aménagement du territoire. J’ai mal dû m’y prendre pour faire localement mieux partager le projet. C’est vrai aussi que le contexte de cette concurrence est plutôt défavorable. Lamotte a réalisé un plan de développement qui lui permet de rattraper son retard. Salbris commence à ressentir la fragilité de la monoproduction de l’armement et recherche un relais pour sa dynamique de développement. L’approche des législatives de 2002 donne l’occasion d’exploitations politiques de ce conflit ... Sans m’en rendre suffisamment compte, j’ai probablement donné l’impression de vouloir réussir mes projets pour Lamotte même en concurrençant la commune dirigée par "mon père en politique". Vous avez dit freudien ?

Informations municipales de Lamotte-Beuvron du 1er juillet 1991
Informations municipales de Lamotte-Beuvron du 1er juillet 1991
Le vœu déposé pour mettre fin aux polémiques sur le choix du lycée de Sologne
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